Comment parler d'une décennie que nous avons connue ? Cela n'est pas simple, car nous y mettons de nos engagements, de nos souvenirs, de nos humeurs, de nos peines et de nos amours. D'ailleurs, qu’est-ce qu'une décennie ? Une période de dix ans bien sûr, mais quand la faire débuter ? Les spécialistes du calendrier diront : le 1er janvier 1991. Les historiens, eux, parlerons sans doute du 9 novembre 1989, quand tombe le mur de Berlin. Quand finit-elle ? Sans doute avec l'effondrement de deux tours, le 11 septembre 2001.
Entre ces deux dates, comment saisir l'impalpable, l'air du temps ? Un temps à la fois proche et lointain : rendons-nous en 1990, de la fin de tout au commencement de quelque chose.
Lors du procès de Moscou de janvier 1937, Guéorgui Piatakov, vice-ministre de l'Industrie lourde soviétique de 1932 à août 1936, a reconnu avoir pris en secret un avion à Berlin en décembre 1935, avec l'aide des hitlériens au pouvoir, pour atterrir quelques heures plus tard en Norvège et rencontrer tout aussi secrètement Trotsky dont il prétendait être, depuis la seconde moitié de 1931, un partisan caché et une "taupe" habile, solidement établie au plus haut niveau de l'appareil économique de l'Union soviétique stalinienne.
Piatakov a-t-il dit la vérité sur les événements de décembre 1935, ou était-ce là le fruit d'une horrible machination du pouvoir soviétique à propos d'un prétendu voyage et d'un entretien avec Trotsky n'ayant jamais eu lieu ? Sommes-nous en présence d'un sinistre complot contre non seulement l'innocent Piatakov mais aussi Karl Radek, un autre accusé au procès de janvier 1937, et surtout Trotsky, faussement accusé, par contumace, d'être devenu un "laquais de Hitler" ?
En réalité, c'est à partir de sources et de documents anti-staliniens incontestables, à commencer par les archives de Trotsky à Harvard, qu'est apparue récemment une série de révélations retentissantes qui prouvent de manière concluante la collaboration directe entre les nazis au pouvoir et Trotsky. En particulier, et à l'encontre des théories encore en vigueur sur l'impossibilité pratique du vol, il est maintenant certain qu'en décembre 1935, Piatakov s'est bien envolé avec l'aide des fascistes allemands pour une rencontre clandestine avec Trotsky, avec qui il eut une confrontation dramatique, précisément sur la question d'une alliance tactique avec les nazis.
Les livres d'histoire sur les années 1930 et 1940 devraient donc être largement réécrits, ce qui ne peut avoir que des répercussions évidentes sur la gauche contemporaine...
S'il y a une seule conclusion à tirer de l'œuvre de Galula, c'est que toute communauté humaine, mise devant un problème politique, peut, sous certaines conditions, se fracturer en trois groupes : une minorité active très déterminée à renverser la table, une autre minorité attachée au maintien du statu quo mais incapable d'agir et enfin une majorité silencieuse qui rêve de ne rien faire mais dont la vocation est d'appuyer le camp qui a le plus de chances de l'emporter.
Hier face au FLN algérien et aujourd'hui face à l'Etat Islamique, la pensée de Galula permet à une démocratie comme la nôtre de se défendre sans se renier. La mise en œuvre de ses idées est encore d'actualité pour tous ceux qui, parmi nous, assument la responsabilité de lutter contre les insurrections de notre temps.
Un entretien mené par Pierre-Yves Rougeyron.
Plus qu'aucun autre pays européen, la France fait usage de ses forces armées, engagées sans relâche dans des "opérations extérieures" au long cours dont il est parfois difficile de discerner la cohérence d'ensemble. En tête des institutions préférées des Français, qui voient en elles une valeur refuge dans une société désorientée, les Armées ont vu disparaître le climat d'antimilitarisme des années 1970. Mais l'opprobre n'a pas été remplacé par une meilleure compréhension de ce qui guide l'action de guerre.
Or la remise en cause, violente, du cadre des relations entre les États, et désormais des structures mêmes de nos sociétés, nous impose de comprendre. Elle commande de penser la stratégie, et d'approcher ce que signifie être et agir en homme de guerre : pas seulement en militaire, mais bien en citoyen face aux périls menaçant sa Nation, en être humain face à l'inéluctable tragédie de la Politique.
Un monde nouveau émerge, dans les fracas du terrorisme et de la guerre économique, au rythme de "crises" protéiformes. Pour nous, Français, ce monde neuf nous projette paradoxalement vers des horizons anciens, où se pose la question de la survie, et où la victoire est parfois le seul chemin vers la paix. Mais pour y parvenir, il nous faudra toutefois nous montrer capables à nouveau de penser, et de faire la guerre.
Émission du "Libre Journal de la crise", animée par Laurent Artur du Plessis.
L'Occident et l'Islam, l'épée et le cimeterre, ont été en conflit depuis le milieu du VIIe siècle. Puisant aux sources originales arabes, grecques et chez les historiens tant arabes qu'européens, le grand historien Raymond Ibrahim fait revivre avec force les batailles décisives qu'a menées le Jihad depuis ces temps anciens, la conquête des rive de la méditerranée, la bataille de Tours, la prise de Constantinople et le siège de Vienne. Il montre comment ces conflits éternels reflètent le fossé culturel entre l'Islam et l'Occident.
Le XXe siècle a vu tous les visages de la stratégie se mettre en place, et c'est une nouvelle approche du fait stratégique que dévoile l'économiste non-orthodoxe Jacques Sapir dans ses derniers travaux.
En effet, les questions militaires et stratégiques ne s'opposent pas à l'économie, bien au contraire car cette dernière est bien un espace de rapports de force. Et quand on parle des unes, on évoque l'autre; et inversement.
Émission "Vendredi c'est PYR !", animée par Pierre-Yves Rougeyron.
La seconde guerre d’indépendance américaine a vu la prise de Wasinghton par les Anglais et le contrôle des Grands Lacs. Pourtant, ce sont les Américains qui sont sortis vainqueurs et qui ont pu ainsi affirmer leur puissance sur le continent nord américain. La guerre de 1812-1815 est pourtant aujourd'hui méconnue alors qu'elle a contribué à renforcer l'autonomie des États-Unis.
Sylvain Roussillon, auteur de L'autre guerre d'indépendance américaine. 1812, le conflit méconnu nous parle de cette guerre. Elle intervient durant les campagnes de Napoléon, ce qui a contraint les Anglais a créer un second front. Elle a obligé les États-Unis à se positionner par rapport aux Indiens, qui tentaient de créer un État confédéré, enfin elle a contribué à façonner un sentiment national américain. Les deux partis politiques en présence, les Fédéralistes et les démocrates-républicains ont ainsi été conduit à approfondir leur vision géopolitique, notamment par rapport à leurs relations avec l'Europe et les puissances extérieures.
Si cette guerre est aujourd'hui passée au second plan par rapport à la première guerre d'indépendance et à la guerre civile américaine, elle est néanmoins un jalon essentiel de la naissance de cette puissance.
Un entretien mené par Jean-Baptiste Noé.
Certes, l'affaire Dreyfus a fait couler énormément d'encre depuis un siècle. Mais la quasi-totalité des ouvrages sont soumis à la "vulgate", c'est-à-dire une manière obligée de raconter l'histoire. Non seulement l'innocence d'Alfred Dreyfus est érigée en dogme, mais de plus un historien "correct" se doit de tenir pour établi que c'est Esterhazy qui a écrit le fameux bordereau ; que le colonel Picquart a découvert fortuitement la culpabilité d'Esterhazy ; que l'état-major a guidé et protégé Esterhazy jusqu'à son procès ; que les dreyfusards n'ont eu aucune relation avec Picquart, ni indirecte avant juillet 1897 ni directe avant janvier 1898, et strictement aucun contact avec Esterhazy. Or, rien de tout cela n'est acquis. Cette trame correspond à une simple hypothèse, à une explication de l'affaire Dreyfus qui s'avère être très contestable.
Une étude extrêmement serrée prouve que l'historiographie officielle a accumulé les silences, multiplié les dissimulations et gommé les incohérences. Des affirmations répétées durant un siècle ne deviennent pas pour autant des vérités et dès que l'on s'affranchit du prêt-à-penser, dès que l'on sort du cadre rassurant de l'histoire toute faite, les questions affluent et obligent à reconsidérer le rôle de Picquart et des chefs dreyfusards.
L'échange entre l'historienne Monique Delcroix et l'universitaire et homme politique Bruno Gollnisch ne saurait pourtant être qualifié d' "antidreyfusard", car les deux invités portent également un jugement sévère sur certaines légendes véhiculées par les tenants de la culpabilité de Dreyfus.
L'occasion de revenir sur cette trouble et complexe affaire qui a secoué la troisième République et dont les répercussions se font encore sentir aujourd'hui alors que l'affaire Dreyfus est remise sur le devant de la scène suite à la sortie dans les salles du film J'accuse réalisé par Roman Polanski et produit par Alain Goldman.
Émission "Pourquoi tant de haine ?", animée par Monsieur K.